En 1963, j’ai eu la chance d’acquérir l’art de la distillation à l’aide d’un alambic monté sur des robustes roues en fer, alimenté par une pompe à vapeur, et chauffé au bois et au charbon. Cette pratique ancestrale a une histoire qui remonte bien avant notre ère, avec des civilisations comme les Chinois et les Grecs qui utilisaient déjà la distillation pour créer des liquides utilisés à des fins de soins, de parfumerie et même de maquillage, notamment pour les fards à paupières.

L’histoire de la distillation prend un tournant passionnant avec l’arrivée des Arabes, qui ont été les premiers à distiller le vin, donnant ainsi naissance au produit que nous connaissons aujourd’hui sous le nom d’« al khôl », signifiant littéralement « la chose subtile ». Cette découverte a été considérée comme la première étape vers la recherche de l’élixir de vie éternelle, d’où son nom familier d’« eau-de-vie ».

Au départ utilisée principalement à des fins médicinales, l’alcool a progressivement gagné en popularité grâce à son goût unique, transformant l’art de la distillation en une activité domestique, presque aussi essentielle que la cuisine, avant de devenir une tradition chaleureuse partagée entre amis et en famille.

Le terme « alambic » lui-même tire son origine du grec « Ambrix », qui signifie « vase avec une petite ouverture ». Les Arabes ont modifié ce mot en « Ambic », donnant naissance à « Al Ambic », qui s’est transformé en « alambic » en Europe au 13ème siècle, prenant ainsi une forme plus moderne.

L’alambic, symbole méconnu de la vie rurale, a été façonné par des règlements et des évolutions au fil du temps, marquant ainsi la fin d’une époque.

C’est pourquoi je salue l’art de la photographie, qui nous permet de préserver les étapes de cet automne si particulier, après les vendanges, lorsqu’apparaît l’art de la distillation et le plaisir de la bonne vie.

• André AUBANEL, Distillateur.